Nucléaire: attention danger

SERIE - Tricastin : en cas d’accident nucléaire, priez ! Parce que les autorités seront dépassées

Barnabé Binctin (Reporterre)

Le site de Tricastin accumule incidents, fissures, et relargage incontrôlé de tritium. Et si l’accident arrivait ? Eh bien… ce serait vraisemblablement le chaos, comme l’a montré une récente simulation en grandeur nature.

- Reportage, Pierrelatte (Drôme)

Il est environ cinq heures du matin, ce lundi 15 juillet 2013, lorsque vingt-neuf militants de Greenpeace pénètrent à pas de loup dans la centrale de Tricastin. Répartis en trois équipes, ils entrent par trois endroits différents en franchissant les trois niveaux de sécurité à l’aide d’une échelle. L’un d’eux raconte : « Au niveau du deuxième sas, il y avait des gens qui nous regardaient en prenant un café. Quand nous sommes arrivés dans l’enceinte, nous avons croisé deux personnes, on leur a dit que nous faisions un reportage pour la télé… mais ils ne parlaient pas français. Nous n’avons vu les premiers gyrophares que deux heures et demie plus tard… ».

La gendarmerie se justifiera en expliquant qu’elle a tout suite reconnu les activistes. Habituée à Greenpeace, il n’y aurait donc pas eu urgence... Sur place toutefois, les forces de l’ordre du PSPG (Pelotons Spécialisés de Protections de la Gendarmerie) mettent plusieurs heures à déloger les trouble-fêtes qui sont suspendus sur la structure du pont de chargement menant aux réacteurs. Il faut même faire appel à un hélicoptère venant tout droit de Briançon avec une unité du PGHM (Peloton de gendarmerie de haute montagne) pour attraper le dernier, moniteur en spéléologie et spécialiste des techniques d’escalade. Leur procès est attendu pour le 14 janvier à Valence.

L’action visait d’abord à rappeler que Tricastin fait partie des 5 centrales les plus dangereuses de France selon l’association écologiste. Leur intrusion visait à poser la question : quel est le véritable niveau de sécurité sur les centrales et dans les environs ? Et que se passerait-il aussi en cas d’accident ?

Le 7 novembre a eu lieu un exercice national de crise nucléaire, avec simulation d’un accident sur l’une des usines Areva du site du Tricastin. L’objectif ? Vérifier le bon fonctionnement du dispositif de sécurité, particulièrement dans la zone du PPI – le Plan Particulier d’Intervention destiné à mettre à l’abri ou évacuer les populations en cas d’accident nucléaire ou chimique dans un périmètre de dix km autour de la centrale. Elargie pour l’occasion, la zone d’exercice concerne près de cinquante écoles, et de nombreux établissements recevant du public. Toute la population locale est concernée par le test.

Mais la simulation a surtout révélé que l’on n’était pas préparé au pire : capsules d’iode périmées, manque de combinaisons et de masques NBC (nucléaire bactériologique chimique), absence de barrage sur les voies de circulation aux alentours de la centrale, coups de fils d’alerte mal orientés... A l’école des Blaches, à Pierrelatte, les fenêtres sont restées ouvertes bien après le déclenchement de l’alerte : la sirène de la ville n’a pas fonctionné.

- Des enfants de l’école des Blaches de Pierrelatte sont - tardivement - confinés pendant l’exercice nucléaire -

André Vermorel est maire de la commune avoisinante de Bidon (Ardèche) et participait à l’exercice en tant qu’observateur pour la CLIGEET (Commission Locale d’Informations sur les Grands Equipements Energétiques du Tricastin). Il était positionné au niveau du grand centre commercial depuis lequel on distingue tout le complexe de Tricastin, de l’autre côté du canal. Il raconte : « Aucune mesure de confinement n’a pu être prise au niveau du supermarché. Les gens continuaient de fumer leur clope sans se soucier des alarmes, et le directeur du centre commercial me demandait comment on pourrait bien faire rentrer tout le monde… De toute façon, à l’intérieur, il n’y avait pas de filtre pour assainir l’air contaminé en cas d’accident ».

L’évacuation des populations riveraines est officiellement à la charge de la préfecture, les mairies prenant le relais sur le terrain. André Vermorel s’inquiète de ce qui est réellement envisageable : « Le PPI réunit 14 000 personnes. Il faudrait pouvoir mobiliser 280 bus en moins d’une journée. Sans compter qu’il faudra trouver les chauffeurs de bus motivés pour venir dans la zone… ».

Les associations redoutent une situation de chaos. « Les pouvoirs publics comptent sur l’auto-évacuation de la majeure partie de la population de la région touchée avec les risques d’improvisation et de panique associés », estime Alain Volle, du collectif Stop Tricastin. Si Tricastin ne se situe pas dans une zone à forte densité de population (moins de 400 000 habitants dans un rayon de 30 km), elle est toutefois située à proximité d’un axe autoroutier dense – l’A7 – qui voit passer 70 000 véhicules par jour, avec tous les risques de saturation que cela comporte en as d’accident. Surtout, en raison des vents violents de la vallée du Rhône, la contamination pourrait vite atteindre des bassins de population beaucoup plus conséquent, au niveau d’Avignon puis de Marseille.

La possibilité d’accident n’est plus évoquée seulement par les enquêtes journalistiques, les riverains ou les associations anti-nucléaires. Elle est entrée dans les scénarios officiels. En 2012, par exemple, Jacques Repussard, directeur de l’IRSN (Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire) l’expliquait très clairement : "Nous devons accepter que l’impossible puisse se produire". En mai dernier, Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire, indiquait qu’une "anomalie grave" sur les réacteurs français "ne peut absolument pas être exclue, elle est même plausible". Depuis quelques années, la survenue d’un accident grave en France est même entrée dans la doctrine officielle, avec la création d’un "Comité Directeur pour la gestion de la phase Post Accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation d’urgence radiologique" (Codirpa).

Mais tout se passe comme si, à Tricastin, l’impossible ne pouvait pas être plausible.

Source

Vous pourrez trouver également à cette adresse le dernier Plan "Accident nucléaire ou radiologique majeur" à télécharger. Et à lire...

Un jour ou l'autre le nucléaire finira par sauter à la tête de ses adeptes, le problème c'est que tous les autres en seront également les victimes !
aucune centrale au monde n'est totalement dénuée de risques, internes ou externes. Dans la course au toujours plus, les habitants de la Planète oublient qu'ils sont des victimes en sursis  du nucléaire, ne voient pas plus loin que le bout de leur nez quand ils ne plongent pas la tête carrément dans le sable comme les autruches !!

Tout à fait ! En France, il y en a plusieurs qui ont déjà connu des centaines de problèmes, la plupart passés incognito. Pour ne pas affoler la population nous dira-t-on. J'ai connu cela lorsque je travaillais sur les plans OR*SEC !

Oh
quand tu connais des gens travaillant dans des centrales, sincèrement, ça n'est pas rassurant...

Tu sais quoi, Chaton?
Je pense que cette phrase : pour ne pas affoler les populations,
elle est servi à tout bout de champs pour faire "avaler" la pilule de bien des choses aux professionnels qui s'exécutent...
Tu ne crois pas?

C'est la phrase passe partout quand les autorités ne veulent pas prendre les précautions indispensables en prévenant le public des risques possibles !

Elle était utilisée aussi, quand nous préparions à la Préfec*ture le plan OR*SEC contre les risques de rupture d'un barrage dans la région, lequel barrage avait déjà cédé une fois entraînant un nombre considérable de morts ( celui de Mal*passet, dans le V*ar)

Il faut dire aussi, à leur décharge, que la majorité des gens ne font pas travailler leur cervelle et compte sur les autres pour leur dire ce qu'il faut ou ne faut pas faire. C'est à croire qu'ils sont incapables de raisonner par eux-mêmes... il suffit de constater les désastres entraînés par ce manque de réflexion lors des constructions en zones inondables ! même si l'on me disait qu'il n'y a pas de risque, rien qu'en examinant les lieux, je n'irais pas construire une maison dans ces endroits...

Et puis il y a ceux qui s'affolent pour un rien créant ainsi la panique autour d'eux. Ce n'est pas une question facile à résoudre...

C'est vrai...

Mais ça fait suite à des siècles de paternalisme.

On sait mieux que vous, on décide pour vous etc. ...

Du coup, la population, dans une très grande proportion, a laissé et laisse encore (et nous en avons fait partie pendant un bon moment, je pense...) les "rênes" aux autres.
Certes, chacun ses compétences, mais on a aussi des devoirs (rendre des comptes quand on nous a confié des responsabilités. Je pense par exemple à la gestion financière d'une commune... Qui sait au final les frais engagés sur 5 ans? L'état des caisses de sa commune? L'endettement? C'est accessible pour celui ou celle qui cherche vraiment, mais pas franchement crié sur les toits!!!)

On avance sur ce chemin (aussi parce que les scandales "sortent", je pense à l'alimentaire, qui, selon moi, va largement supplanter les traitements médicamenteux...)

Petit à petit, on assiste à une reprise en main, à de l'entraide (et ça n'est pas pour me déplaire, je l'avoue... )

Ton analyse correspond à ce que je pense aussi.
Ce que tu écris au sujet de la commune m'a fait sourire car ici, le maire, décédé depuis quelques mois, avait pour habitude de ne traiter lors du conseil municipal que ce qu'il savait pouvoir être voté, pour le reste, il réunissait ses proches et faisait voter tout ce qu'il voulait sans que les autres membres soient au courant, ils ne l'apprenaient qu'après coup.
quant au public, qui peut et doit aller assister à ces conseils municipaux, non seulement il n'était pas averti des jours de réunion, mais lorsqu'il y avait même une seule personne, rien n'était dit ni décidé ce jour-là ! c'est cela la démocratie dans mon patelin !
son successeur semble aller dans le même sens. Les administrés ne sont au courant, quand on veut bien les y mettre, seulement quand tout est en route ou terminé !

Au sujet de l'alimentaire je me tiens au courant depuis des années et du coup j'ai souvent prévenu les personnes de connaissances, qui, bien sûr, refusaient de me croire car rien d'officiel n'était parvenu à leurs oreilles...

Quant à l'entraide, c'est bien que cela existe de plus en plus, mais ici... ce n'est même pas la peine d'en parler... je suis restée bloquée chez moi à cause de l'épaisseur de neige qui m'empêchait de sortir ma voiture, et personne, je dis bien personne, ne s'est soucié de savoir si j'étais morte ou vivante ou si j'avais besoin de quelque chose, alors que les routes étaient nickel et qu'ils allaient et venaient avec leurs voitures. Il y a encore du travail à faire en ce sens.
Mieux encore, un couple assez voisin m'a dit quand je l'ai rencontré il y a quelques jours "vous avez passé l'hiver là ?" j'ai failli éclater de rire !

Je comprends...

Mais l'entraide, je la vois dans l'échange en fait (je n'avais pas assez précisé): tu sais faire ça, moi ça, on s'entraide.
Du coup, no money, no culpability, comme je dis.

Hélas impossible ici maintenant. J'avais une amie avec qui nous procédions ainsi, mais elle est atteinte d'Alzheimer et ne vient plus. J'ai beaucoup de peine pour elle car c'était la maladie qu'elle redoutait plus que tout !

Il y a eu ceci sur le sujet sur France 3 mais je ne sais pas si on peut le regarder en Replay

Tu sais, avec ces consommations à outrance d'antidépresseurs et d'anxiolytiques à long terme, cette pathologie ne sera malheureusement qu'en constante augmentation...

J'ai trouvé :
http://pluzz.francetv.fr/videos/ensemble_c_est_mieux_,97626539.html

Pardon chaton, j'ai empiété sur ton sujet !   

Pas de souci Mélusine   ...

Tout à fait d'accord avec toi Quartz Rose sur la notion de "ne pas affoler les populations". C'est énorme !
C'est pour cela que je prône la connaissance et l'intelligence personnelle (dans le sens système D, débrouillardise...) avant tout. Et quand on sait (ou même quand on croit savoir si on sait se montrer humble), il faut absolument transmettre.